Discussion:
L ' Aziza
(trop ancien pour répondre)
Olivier Miakinen
2022-06-05 18:41:34 UTC
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[diapublication avec suivi]

Bonjour Jean,
Connaissez-vous Aziza Mustapha Zadeh?
Je ne connaissais pas jusqu'à présent.
Je l'ai découverte au cours de mes recherches sur les diverses versions de
Take Five.
J'ai été tout de suite conquis: bien sûr, c'est du Jazz, mais avec quelque
chose en plus (il y a même des citations classiques), avec une touche d'
orientalisme (Elle est d' Azerbaïdjan) et c'est quelque chose, à mon avis.


Merci pour la découverte !
Et dites ce que vous en pensez
J'en pense que je veux la même montre... ;-)

Sérieusement, J'aime beaucoup. Très belle voix autant dans le grave
que dans l'aigu, beaucoup de virtuosité aussi bien au piano qu'au
chant (avec la difficulté supplémentaire de faire les deux à la
fois).

Cela dit je crains que cette virtuosité, justement, me fasse m'en
lasser très rapidement. Je peux admirer la performance, mais au
finale ce n'est pas vraiment ce qui me touche dans la musique, ce
qui provoque chez moi des sentiments de douceur, de tristesse, de
mélancolie ou de joie.
Jazzmicalement,
Jean Toulet - UnPeuHorsCharteMaisBon...
Il ne tient qu'à toi (ou à moi maintenant) de faire en sorte que ce
ne soit plus hors charte : suivi vers fr.rec.arts.musique.jazz.

Cordialement,
--
Olivier Miakinen
Jean Toulet
2022-06-14 17:07:43 UTC
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Post by Olivier Miakinen
Cela dit je crains que cette virtuosité, justement, me fasse m'en
lasser très rapidement. Je peux admirer la performance, mais au
finale ce n'est pas vraiment ce qui me touche dans la musique, ce
qui provoque chez moi des sentiments de douceur, de tristesse, de
mélancolie ou de joie.
Il est évident que je ne mélange pas les choses. Nous sommes ici sur un
forum où on arpente une vaste avenue musicale, pleine d' émotions et de
dignité et les étincelles vocales et pianistiques d' Aziza sont juste un
petit bouquet de fleurs multicolores que j'ai voulu cueillir.

Je ne mélange pas, c'est vrai, mais il m'arrive de persister et signer. Par
exemple, encore sur le bas-côté de la route, j'ai retrouvé un ptit truc
vraiment porteur d' émotion, de douceur, de nostalgie: les deux piliers du
compositeur-arrangeur américain Neal Hefti: Girl talk et Lil' Darlin... ce
n'est pas pour rien que les français les ont récupérés, Henri Salvador avec
"un p'tit air de Count Basie" et Claude Nougaro avec "Dansez sur moi"...

Jazzmicalement,

Jean Toulet - CesMecsAvaientDuGout!...
Olivier Miakinen
2022-06-16 23:42:12 UTC
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Post by Jean Toulet
Post by Olivier Miakinen
Cela dit je crains que cette virtuosité, justement, me fasse m'en
lasser très rapidement. Je peux admirer la performance, mais au
finale ce n'est pas vraiment ce qui me touche dans la musique, ce
qui provoque chez moi des sentiments de douceur, de tristesse, de
mélancolie ou de joie.
Il est évident que je ne mélange pas les choses. Nous sommes ici sur un
forum où on arpente une vaste avenue musicale, pleine d' émotions et de
dignité et les étincelles vocales et pianistiques d' Aziza sont juste un
petit bouquet de fleurs multicolores que j'ai voulu cueillir.
Oui, et je t'en remercie encore.
Post by Jean Toulet
Je ne mélange pas, c'est vrai, mais il m'arrive de persister et signer. Par
exemple, encore sur le bas-côté de la route, j'ai retrouvé un ptit truc
vraiment porteur d' émotion, de douceur, de nostalgie: les deux piliers du
compositeur-arrangeur américain Neal Hefti: Girl talk et Lil' Darlin... ce
n'est pas pour rien que les français les ont récupérés, Henri Salvador avec
"un p'tit air de Count Basie" et Claude Nougaro avec "Dansez sur moi"...
En effet !
Post by Jean Toulet
Jazzmicalement,
J'azziza (Mustapha Zadeh) ;-)
--
Olivier Miakinen
Olivier Miakinen
2022-06-17 21:02:23 UTC
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Bonjour,
Post by Olivier Miakinen
Jazzmicalement,
J'azziza (Mustapha Zadeh) ;-)
Tu sembles avoir un intérêt particulier pour le jazz. Est-ce que tu
ne pourrais pas du coup tenter de faire un peu vivre ce groupe, en
partageant d'autres découvertes que cette excellente Aziza ?
--
Olivier Miakinen
MELMOTH
2022-06-21 15:16:52 UTC
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Post by Olivier Miakinen
Tu sembles avoir un intérêt particulier pour le jazz. Est-ce que tu
ne pourrais pas du coup tenter de faire un peu vivre ce groupe, en
partageant d'autres découvertes que cette excellente Aziza ?
Vu l'état de moribonderie profonde des forums musique (classique et
jazz), Je M'en vas vous raconter (en plusieurs épisodes)
l'extraordinaire histoire du BEBOP...

Philippe Carles disait :«BeBop : onomatopée dérivée d'une figure de
batterie servant à désigner un style musical né vers 1944 à New York.»

À l'endroit de ce terme, "le bebop", on a bien aussi parlé de ce genre
vocal mis en honneur après 1925 par Louis ARMSTRONG, le SCAT.
D'ailleurs, ce terme figurait déjà dans quelques vieilles cires de la
fin des années 1920, du début des années 1930 (Four or five times par
les McKinney's Cotton Pickers...Ou bien I'see a mugin, par Stuff SMITH,
Mezz MEZZROW et le Quintette du Hot Club de France)...
Quant à elle, la définition ci-dessus, qui possède le mérite de la
concision, nous mène sans trop en avoir l'air, comme en toute
innocence, à l'orée d'un monde nouveau (mais pas d'un "autre monde").
Un nouveau monde aux forts parfums, ironiques, désespérés, parfois
vénéneux, concoctés lentement et sûrement par les vieilles taupes
conjuguées de la révolte en marche et de la nécessité intrinsèque au
jazz lui-même...Un nouveau monde issu d'un ancien qui, près de 40 ans
plus tard, ne semblera pas avoir pris la moindre ride, parce que
heureusement, la révolte est toujours là !...La nécessité aussi !...

ÉVOLUTION - RÉVOLUTION

Pour beaucoup révolution pure et dure (lesquels n'avaient assurément
pas tort !), le bop représenta pour d'autres (et parfois c'étaient les
mêmes !), le résultat d'une évolution interne du jazz, elle-même
déterminée pour une bonne part par les contextes sociaux, politiques et
historiques dans lequel celui-ci se développait.
Ainsi (un exemple), Boris VIAN (pour qui le bop était une réalité
mouvante et multiforme), put-il, dans l'une de ses nombreuses "revues
de presse" (n'oublions pas qu'il était aussi journaliste au magazine
"Jazz Hot entre autres), à l'endroit d'un adversaire du bop aussi obtus
qu'irréductible, et qui prétendait que «il est impossible qu'une
évolution soit soudaine et rompe brûtalement avec le passé, comme ça
été le cas avec le bop», répondre : «C'est manifestement faux ; on sait
bien qu'on trouve rigoureusement tous les intermédiaires entre King
OLIVER et Dizzie GILLESPIE, pour ne citer que ces deux-là, ou même
entre Buddy BOLDEN et Miles DAVIS.»

Évolution ?...Révolution ?...Deux points de vue apparemment
inconciliables, mais en fin de compte complémentaires. Le bebop, de
toute évidence, n'a pas surgi ex-nihilo !...N'a pas fondu comme un
virus sur les pauvres "vrais jazzmen" !...Ainsi qu'a tendu à le faire
croire, voici une trentaine d'années, la métaphysique malsaine imaginée
par des adversaires acharnés...Pour qui le noir était toujours un bon
noir...À condition qu'il ne sorte pas des pauvres schémas douillets
dans lesquels on l'avait une fois pour toutes emprisonné...
Pour eux, un ouvrier est toujours un "bon ouvrier", n'est-ce pas...Du
moment qu'il n'est ni gréviste ni syndiqué !...Le bop est donc le fruit
mûr et juteux d'un certain nombre de découvertes antérieures (qui ne
furent du reste pas toujours appréhendées comme des découvertes en leur
temps et demeurèrent éparses et embryonnaires). Et cependant le bebop,
aussi, marqua une sorte de franche cassure, affirmée et révendiquée par
ses inventeurs...

Là chère Philosophie, dans son infinie sagesse (!), a longtemps
enseigné que la liberté sortait toujours de la nécessité (ça, ce n'est
pas de Moi !)...Que celle-ci ne se concevait jamais que dans son
rapport à celle-là....Liberté en actes, le bop ne peut exister que dans
la reprise, la compréhension de ce qui l'a précédé, et son dépassement.
Si on préfère, le bebop est une musique libre, révolutionnaire,
parcequ'il est la /résultante d'un long cheminement, de toute une
tradition qu'il assume et réalise en dépassant cette putain de
Philosophie. Simple question d'éclairage, voilà tout. VIAN - toujours
lui - attaché à affirmer l'existence des maillons intermédiaires,
pouvait sans se contredire se moquer de la conception linéaire de
l'évolution !...

[Fin du premier épisode, Mes gueux (Victor®)]...

«...Saluons le chorus de GILLESPIE dans Algo Bueno : il tient, par la
filière habituelle, du neveu de Pépin-le-Bref qui l'avait retrouvé sur
une fresque étrusqueimportée 8000 ans avant l'Ère chrétienne par
l'Empereur du Mexique à la demande de sa grand-mère qui se souveneait
de l'avoir entendu etc..»...
Issu d'une tradition, venant naturellement s'inscrire dans la logique
de cette dernière, le bebop est simple évolution. Mais conscient qu'il
est de son existence, affirmant celle-ci farouchement, conscient de ne
pouvoir être réduit à l'un des éléments hérités ou même à la somme de
ceux-ci, le bebop, par l'acte libre de volonté de ses créateurs à se
proclamer autre (acte sans cesse réaffirmé, aussi bien dans la musique
elle-même que dans xhaque circonstance de la vie - acte visant donc,
non seulement à remettre en cause une simple forme ou une esthétique,
mais également les fondements même de la société qui les a engendrées),
le bebop est révolution. Les réactionnaires qui ne l'aimaient pas, au
fond, n'avaient pas tort : ce n'est pas seulement une musique qu'ils
prétendaient apprécier que le bebop remettait en cause...C'est eux-même
!...

REPÈRES ÉVENTUELS

Le jazz, dès ses débuts, fut une sorte d'éthique. Le bebop, nouvelle
étape de ce même jazz aux heures troubles de l'immédiat après-guerre se
fixa pour but, non de le remplacer par la sienne propre, mais de la
reprendre en main, de la réactiver, de la redéfinir et de la
préciser...Les boppers sont bien les héritiers du jazz, mais ils ne
sont plus tout à fait comme leurs aînés...Nombre des anciens,
cependant, avant eux, avaient commencé la campagne de salubrité que les
successeurs reprendront sur une vaste échelle.
Jean Louis GINIBRE disait : «On pouvait croire (dans les années 30) la
musique négro-américaine sortie du ghetto. En fait, cette situation
était le produit d'un authentique malentendu. C'est dans la mesure où
le grand public le confondait avec autre chose que le jazz avait droit
de cité. Autant dire qu'au sein de la société américaine, il n'était
qu'un h^te clandestin. Par ailleurs, un nombre croissant de musiciens
s'inquiétait de voir le jazz se laisser prendre au jeu de sa nouvelle
respectabilité et s'embourgeoiser».

Les découvertes, le plus souvent isolées, des grands et petits maîtres,
si elles suscitaient déjà l'enthousiasme, l'admiration de très jeunes
"Turcs", ne sollicitaient que modérément le public (quelques amateurs
et critiques chevronnés exceptés). Néanmoins, peu à peu, un courant se
créa, d'abord souterrain puis à l'air libre, qui se mit à redéfinir les
règles du jeu...à repousser les limites...à intégrer dans son discours
en cours de constitition les diverses découvertes, leur conférant ainsi
leur sens et leur cohérence...

Bon...La suite plus tard...Pas sûr d'ailleurs que vous suivez tous,
là...Est-ce que vous Me lisez seulement ?!...
Jeposelaquestion©...

À la suite des gravures de ces précurseurs (il y en eut d'ailleurs bien
d'autres !), il faudrait se pencher en particulier sur quelques uns des
premiers enregistrements de Mon Pote GILLESPIE, l'un des chefs de file
du mouvement : King Porter Stomp, son premier solo, enregistré en 1937,
dans l'orchestre de Teddy HILL, et When Lights are low, une des cires
les plus illustres réalisées par un des nombreux petits groupes que
réunissait alors pour le studio Lionel HAMPTON. Outre Dizzy, celui-ci
comptait trois ténors : HAWKINS, WEBSTER et BERRY (excusez du peu !),
et Benny CARTER à l'alto, avec Charlie CHRITIAN à la
guitare...Pfffttt...Le rêve, quoi !...

Tout ceci naturellement afin de mesurer la distance entre l'"avant" et
l'"après", afin de marquer le passage...Car il faut encore et toujours
préciser que, loin de rejeter ces dangereux iconoclastes complètement
dingos, très nombreux furens les "grands" du jazz "classique" à les
nourrir dans leur sein et à les accepter dans leurs formations
respectives !...
Ainsi, deux des maîtres de Kansas City, Harlan LEONARD (qui se souvient
encore de lui...Jeposelaquestion©) et Count BASIE (là,
Jeneposepluslaquestion©), demandèrent-ils au jeune pianiste et
arrangeur Tad DAMERON d'orchestrer pour eux quelques thèmes (par ex.
Good Bait, Dameron Stomp).
Quant à Jess STONE...Andy KIRK...ELLINGTON...Cootie
WILLIAMS...HAWKINS...Benny CARTER...ARMSTRONG...Earl HINES...Billy
ECKSTINE...Cab CALLOWAY...Benny GOODMAN...Fletcher HENDERSON...Pour ne
citer qu'eux, ils virent, de 1935 à 1945, défiler chez eux la fine
fleur du jazz à venir !...

Avec Lester YOUNG comme figure de proue incontestable...Avec à sa tête
le génie d'un Charlie PARKER, originaire lui aussi de Kansas city, il
est évident que le mouvement bop ne pouvait manquer de devoir
énormément à la musique si particulière pratiquée dans cette ville -
une musique qui donnait au blues et aux "riffs", ces petites phrases
mélodico-rythmiques génératrices d'abord de swing destinées à
accompagner le soliste, mais qui ensuite furent jouées pour
elles-mêmes, leur importance optimale. Pourtant, ce fut bien à New-York
(et plus précisément à Harlem, ça va de soi) que tout s'élabora
réellement. Dans des tas de petites boîtes bien cachées, totalement
inconnues des hommes du jour et de la rue, mais célébrissimes par et
pour les musicos, appréciées de quelques rares initiés (Ah !...La
célèbre et mythique comtesse *Pannonica de Koenigswarter *, chre qui en
particulier Thelonius et Charlie finirent leur triste carrière)...Nuit
après nuit...le travail "régulier" terminé, les gens du renouveau se
rencontrèrent, se reconnurent, se trouvèrent...et trouvèrent !...
Les deux moins oubliés de ces laboratoires furent le MONROE's Uptown
House et le MINTON's Playhouse, dont le gérant n'était autre que Teddy
HILL, l'ancien employeur de GILLESPIE...
C'est dans un de ces hauts lieux que fut enregistré sur un sale et
méchant magnétophone à fil le fabuleux Cherokee d'un PARKER déjaà
parfaitement maître de sa musique, quelques 4 années avant le définitif
Koko...
Parfois (à peu près tous les soirs !), un de ceux dont la réputation
était déjà solidement établie, un de ceux qui n'était plus un
"chercheur", fasait un tour, jetait un coup d'oreille, et se mêlait à
une Jamm Session...
Le fameux batteur de La Nouvelle Orléans Zutty SINGLETON habitait en
face du Minton's et il était un habitué...
Les exclusives ne concernaient que les musiciens de merde. Tout exprès
pour ces cons, les féroces gardiens du "sanctuaire", les Joe
GUY...Idrees SULIEMAN...Benny HARRIS...GILLESPIE...Sonny STITT et
autres Kenny CLARKE et Thelonius MONK, avaient mis au point tout un
répertoire de thèmes effroyablement difficiles, réputés injouables (!),
tel que, par exemple, Epistrophy (de Mon Maître Thelonius)...Souvent
d'ailleurs, ces morceaux n'étaient que des démarquages, des
transpositions harmoniques, de thèmes célèbres et rabachés, rendus
méconnaissables !...Le très vieux Whispering devint aunsi Groovin'
High...Tad DAMERON retira Hot House, la composition de Cole PORTER What
is the Thing call Love. Bien sûr, les boppers composaient aussi
abondemment, ou bien se ruaient à l'assaut des "scies" (All the Things
you are etc.) sans même se donner la peine de les retitrer...Ce
répertoire, nouveau, qu'il le veuille ou pas, constitua la base même
l'aire d'nvol et le terrain d'attérissage de la musique bop.
En 1944/45, GILLESPIE et PARKER confièrent au phonographe (qui n'avait
bien entendu rien à voir avec Ma chaîne de plus de 50 patates, n'est-ce
pas), soit sous leurs noms, soit en compagnie du vibraphoniste Red
NORVO, quelques témoignages encore quelque peu hybrides. Enfin, avec
deux gravures entrées dans la légende, Hot House et Salt Peanuts, le 11
mai 1945 fut considéré comme le premier jour officiel du calendrier bop
!

Bon...J'ai un coup de fatigue, là...La seule idée de devoir déménager
en août Mes 22 000 CD et 2000 vinyles Me fait flipper...Pour sûr...
Suite au prochain numéro, donc...

DÉFINITIONS

Tout le monde, ou presque, s'accorde pour reconnaître que c'est d'abord
sur le plan rythmique que l'effet "bop" commença à porter ses fruits...
GILLESPIE attribua à Kenny CLARKE la paternité de l'éclatement de la
section rythmaique. Ce dernier (surnommé "Klock" !), fortement
influencé par Sydney CATLETT, apprit à subdiviser chaque temps de la
mesure par des ponctuations sur la caisse claire, les toms ou la grosse
caisse. Les 4 membres acquirent ainsi leur propre indépendance. Seules
la cymbale et la contrebasse continuèrent à marquer la pulsation
régulière, tandis que les autres accessoires de la panoplie du
percussionniste, ainsi que le piano, s'accordèrent la liberté. De son
côté, la section rythmique parfaitement régulière de l'époque "swing"
(telle qu'on peut l'apprécier entre autres dans le When Lights are Low
de L.HAMTON) se substitua la polyrythmie.
Nompbreux furent les percussionnistes qui, à partir de 1942/43,
suivirent la leçon : Shadow WILSON...Gus JOHNSON...Joe HARRIS...Shelly
MANNE et surtout Art BLAKEY et Max ROACH, le plus moderne, étonnant, et
ce jusqu'à son camardage en 2007.
Cette mutation de la section rythmique ne pouvait que satisfaire les
mélodistes à la recherche d'autre chose, n'est-ce pas...Ceux-ci, lancés
et poussés, ne purent à leur tourque se jeter dans des impros souvent
très virtuoses, à la fois heurtées, sinueuses, bien propre à remettre
en question le matériau existant, tant sur le plan mélodique que sur le
plan harmonique. Il s'ensuivit des transcriptions d'une folle audace,
ironiques même (la gravité, dans le bop, ne viendra que bien
après...l'ironie !) et fort belles, en vérité (puisque Je vous
l'assertionne, bande de nazes !)...Ces éclatantes réussites firent que
le mouvement bebop prit en peu de mois une ampleur incroyable. Il s'en
trouva, certes, pour ne considérer tout ça que comme une mode passagère
plus ou moins lucrative, mais la grande majorité, jeunes musicos
passionnés, anciens intéressés et curieux, amateurs intrigués, ne s'y
trompa point. Les grands orchestres de l'époque "swing" triomphante
avaient receuilli les inventeurs. Certains ne les avaient accepté que
comme solistes, sans chercher à exploiter leurs découvertes. D'autres,
au contraire, avaient fini par se laisser influencer par les bizareries
de ces entreprenants jeunes gens.
En 1946, GILLESPIE, après s'être séparé de PARKER (on se doute bien
pourquoi !) et avoir monté son propre petit groupe, fonda enfin LE
grand orchestre bop. Un fabuleux big band au swing souverain
(Oop-pop-a-da...Twoo Bass Hit...Good Bait...Et bien d'autres thèmes),
dans les rangs duquel passèrent paratiquement tous les boppers de la
première heure (et dont sirtit le fameux Modern Jazz Quartet...Un
merveilleux big band qui annonçait "tout plein de choses à venir"
(Things to Come !)...Mais il n'a pas hélas eu assez de temps, et il y
en a encore un paquet que J'attends toujours, nom de dieu/MELMOTH...

Pour ce qui est de la technique proprement dite, Je Me permets de céder
la place au grand Lucien MALSON, dans son Histoire du Jazz : «Les
accords de sixte et de quinte augmentée du style "mainstream" tendent à
disparaître. Les accords de mineure septième précèdent désormais
presque toujours ceux de dominante. Les musiciens font un vaste emploi
de la quinte diminuée - cette quinte diminuée chère à WAGNER et qui,
dans l'art européen, a ébranlé le système tonal.
Les thèmes, exposés à l'unisson, connaissent alors des réharmonisations
audacieuses. L'un des principaux traits du nouveau langage consiste en
particulier en un refus de la couleur et du dessin tellement banal des
airs à succès. En outre, le blues retrouve, grâce à lui, la prévalence
que les grands bonshommes de l'ère du "middle jazz" ne lui avaient pas
toujours reconnue».

J'ajoute à ce brillant exposé que l'un des traits les plus
caractéristiques et originaux du mouvement bop, qui contribua à donner
à la musique de jazz une couleur très différente, fut d'intégrer à son
discours certains aspects de la musique latino-américaine. Il ne
s'agissait pas seulement d'exotisme...Il était question avant tout
d'affirmer la solidarité de tous les représentants du peuple noir exilé
en Amérique, au nord comme au sud...

Crevé, Je suis...
@ plus, en quelque sorte...

LES BEAUX JOURS DU BOP...

Si on peut proposer un catalogue relativement bien fourni de l'oeuvre
de GILLESPIE aux différentes époques de sa carrière, d'autres sont
malheureusement moins accessibles, qui ont, le plus souvent, enregistré
pour de petites (et bien souvent éphémères) maisons de disques. C'est
le cas, parmi les trompettistes, du très curieux Fats NAVARRO, qui
camarda, ce con, à l'âge stupide de26 balais, après avoir bossé entre
autres avec Andy KIRK, Billy EKSTINE, Charlie PARKER et autres Tad
DAMERON ou Bud POWELL...Style souvent particulier, unique, moins
acrobatique que celui de GILLESPIE...Alors qu'avec Max ROACH et Jay jay
JOHNSON, il fit partie du groupe régulier de Coleman HAWKINS (qui fut
un de ceux qui soutint le plus fréquemment, et toute sa longue vie,
tous les jeunes jazzeux)...

C'est aussi le cas du jeune Miles DAVIS, qui n'allait pas tarder à
s'attacher à la création d'un nouveau genre hérité du bebop, mais à qui
la firme RCA ne fit malheureusement guère appel, si ce n'est à
l'occasion de la réunion en janvier 1949, des vainqueurs du referendum
des lecteurs de la revue Metronome. Passionnante confrontation qui mit
face aux boppers (Dizzy...Fats...Jay Jay...Charlie) des suiveurs
occasionnels (Charlie VENTURA...Ernie CACERES) ; des gens aux
conceptions déjà sensiblement différentes (Miles), et des musiciens
appartenant à une école unique en son genre, qui ne dut son existence
qu'au bop mais ne produisit à proprement parler jamais de boppers
véritables (Lennie TRISTANO...Buddy de FRANCO...Billy BAUER)...

Quant à PARKER (1920-1955...Le médecin qui l'autopsia dit que son foie
était celui d'un mec d'au moins 50 bgalais !) , un des 5 ou 10 génies
de toute l'histoire du jazz, il n'ey guère lui non plus l'occasion de
confier sa musique somnanbulique et sublimissime (bien que J'aie mis
beaucoup de temps à le comprendre et l'admirer et l'aimer) à, en
particulier, la cire des disques RCA...Ses gravures-manifeste du 11 mai
1945, avec GILLESPIE, n'ont à Ma connaissance pas été rééditées...Il
faudra donc se contenter de ses enregistrements gravés à l'occasion de
cette fameuse réunion des Metronome All Stars. (Overtime...Victory
Ball)...Mébon©...On trouve de superbes versions de Cherokee (1942,
"live")...Thème qui, plus tard, fut retitré en Koko...Et Lady be Good
(première séance officielle de PARKER !), joué à la radio pour un
contingent de l'orchestre de Jay McSHANN...Et même si, dans les choses
anciennes l'influence de Lester YOUNG se fait encore sentir, le phrasé
si particulier, l'invention diabolique sont déjà bien là, noim de
dieu/MELMOTH...Pour nous faire donner à Martial SOLAL (que pour Ma Part
Je n'apprécie guère !), lequel estimait qu'alors le seul vrai bopper
était CHARLIE PARKER...

Ayons une pensée émue pour celui qui est depuis toujours Mon Maître en
Musique pour piano...Je veus bien entendu parler de Thelonius
MONK...Lire en particulier à son sujet l'excellent opus du non moins
excellent écrivain qu'est Laurent de Wilde)...
L'autre grand nom du piano bop fut évidemment le superbe Bud Powell
(l'ai écouté toute la journée !...Putain...Que c'est beau !)...Sa
meilleure période se situe dans les années 1949-1950...Mais, en
1956-57, il enregistra pour RCA, alors que déjà il avait pris soin de
s'enfermer dans son propre monde d'où il ne sortait que de plus en plus
rarement, deux très émouvants albums en trio. [En particulier, deux de
ses thèmes préférés (n'oublions pas qu'il fut aussi un très grand
compositeur) : Shaw Nuff et Oblivion, d'une inoubliable et grave
beauté...

Bien entendu, bien d'autres figure moins célèbres du bop en ses forces
vives pourraient être évoquées : Idrees SULIEMAN...Ben WEBSTER (le
disque où il joue en duo avec HAWKINS est un de ceux que J'écoute le
plus souvent !)...James MOODY (que J'ai vu à Nice arriver sur scène,
Petrucciani dans les bras !) et Cecil PAYNE (chez GILLESPIE)...Le
vibraphoniste Milt JACKSON (futur membre du M.J.Q.)...Hank JONES, qui
vient de clamser, ce con...John LEWIS...Argone THORNTON...Le guitariste
John COLLINS...les fabuleus bassistes Ray BROWN (encore un de Mes
Maîtres, çui-là) et Oscar PETITFORD...Et enfin les "drummers" Max ROACH
(le plus grand des batteurs boppers ?...Jeposelaquestion©), Kenny
CLARKE, Joe HARRIS et l'immense Shelly MANNE (que J'ai eu le bonheur
d'entendre en boite de jazz une bonne dizaine de fois)...
Bref...Ce genre de panorama musical ne se décrit pas...il S ÉCOUTE !...

Ä vos cassettes, donc...
Et probablement à deux mains...Si Je n'ai pas camardé cette nuit d'une
crise cardiaque...Ce qui M'éviterait au moins un déménagement dont Je
crains le pire...

QUELQUES ANCIENS S'Y METTENT !...

Accueillis ici et là durant leurs études en université, les boppers
furent, on s'en doute, loin de faire l'unanimité chez lzs anciens
toujours sur la brêche. Louis ARMSTRONG...Johnny HODGES...Teddy
WILSON...Tommy & Jimmy DORSEY...Fletcher HENDERSON et autre Lionel
HAMPTON entre autres - bien que tous, ou presque, par leurs propres
découvertes, leurs indéniables inventions, aient, à un moment ou un
autre déterminé, précipité la révolution bop - firent, dans les années
qui suivirent son éclosion des déclarations (à ne pas prendre
d'ailleurs au pied de la lettre, et de relire entre les lignes)
fra&cassantes, dures, parfois désabusées, voire violentes ! Dans le
même temps, certains de leurs pairs, secoués par l'explosion,
cherchèrent à comprendre, firent des retours sur eux-même et, en fin de
compte, accueillirent (pas toujours d'une façon trop désintéressée !)
les jeunes Turcs...À moins que tout bêtement ils ne choisissent de se
mettre à leur école !...

Roy ELDRIDGE, Lester YOUNG, leurs mentors, éprouvèrent à l'endroit des
boppers une certaine gêne, comme de la méfiance, mais sans toutefois se
répandre en flots d'imprécations. HAWKINS (Mon Maître en ténor !), qui
ne chercha jamais à se fairre bopper, eut malgré tout presque toujours
à ses côtés, après 1942, au moins un représentant du mouvement, ce qui
est tout à son honneur...À leur contact, il épura encore son jeu, et,
par la suite, il arriva que certains à qui il avait naguère mis le pied
à l'étrier, l'invitassent à jouer avec eux (MONK, ROACH !). Et il n'eut
jamais l'air déplacé, dans ces circonstances (D'ailleurs, comme Miles
DAVIS, c'est probablement un des rares jazzmen qui soient parvenus à
s'adapter, toute leur vie durant, à l'évolution du jazz).

Moins original que le Bean, par ailleurs bon arrangeur, ayant, avant
Don BYAS tenté de définir un équilibre entre "HAWK" et Lester, Albert
Bud JOHNSON (hélas fort méconnu) fut l'un des vétérans saxophonistes
que le bop révolutionna le plus. On le trouva en effet aux côtés de
GILLESPIE...NAVARRO...ECKSTINE...AULD...AMMONS. Bud JOHNSON, somme
toute, a bien mérité de figurer parmi les pionniers du bop aux saxos
alto et ténor...Près de James MOODY...Sonny STITT...Dexter
GORDON...Wardel GRAY...Bien plus, en tout cas, que Flip PHILLIPS ou
Charlie VENTURA, que l'aventure tenta fort modérément, mais qui
passèrent assez vite à autre chose (devant payer mieux !). À noter
cependant que VENTURA s'entoura de boppers blancs, tels que Red RODNEY
ou Urbie GREEN.
Benny CARTER, Lucky THOMSON et Ben WEBSTER furent naturellement, en
fouineurs qu'ils étaient, fort intrigués ! Eux aussi, parfois réunis
avec PARKER et d'autres en séances d'enregistrements hybrides,
visiblement conçues pour épater le néophyte (!), entre les années
1943-50, firent sa place à la jeunesse montante, engageant
SULLIEMAN...GILLESPIE...THORNTON...MARMAROSA...HEFTI...

Bon...Je M'en va écouter la "Verklärte Nacht" de Mon ami SCHÖNBERG...Un
véritable chef d'oeuvre, Je vous dis...Mais que les rockeux et autres
jazzmen ne connaissent forcément pas, ces cons...

...ET LES JEUNES SUIVENT...

Les boppers eurent naturellement leurs admirateurs, leurs épigones,
souvent non dépourvus eux-même de talent.
Flip PHILLIPS et VENTURA, que J'ai déjà cités précédemment, furent un
temps des épigones non dépourvus de talent. Plus jeunes et plus
talentueux toutefois fut et reste Phil WOODS, véritable fanatique de
PARKER (comme d'ailleurs à peu près tous les saxos alto des années 50
!).
Sonny STITT, contemporain de Charlie, n'eut lui guère de chance, qui
fut trop longtemps considéré comme un simple disciple (quand ce ne fut
pas, purement et simplement, un plagiaire). Il a pourtant, quand on lui
en a fourni l'occasion, eu bien des choses personnelles à raconter (cf.
Wee, au Festival de Newport en 1964)...

Oscar PETERSON, tout comme Eroll GARNER, se plaît à jouer les cavaliers
seuls. Mais le bop n'a pas pu ne pas marquer son jeu (plus que celui de
GARNER)...Témoin, par exemple, son Ooop-Bop-Sh'Bam, datant de 1949
(RCA). Et on endirait autant de bien des pianistes, fondalement
originaux, mais que déterminèrent, au final (comme disent les NPC) MONK
et POWELL...

LE BEBOP ET LES JOURS...

Baroque en diable...attrape-grincheux, le bebop, comme tout mouvement
authentiquement révolutionnaire - comme, par exemple, le Surréalisme -
eut rapidement tendance à se scinder. L'esprit de la révolte toujours
en éveil, son expression, sa forme, allèrent comme il se doit en se
modifiant. Si, au fond, malgré l'âge, le GILLESPIE des années 80
ressemble beaucoup à celui des années 45, l'ensemble de la démarche n'a
pas été long à se particulariser, à éclater.
Ainsi, J'ai déjà évoqué l'attitude d'un Miles DAVIS prompt, en
demeurant fidèle à l'esprit, à modifier l'esthétique. Ce qu'on a appelé
le COOL est donc, dès 1948, au prochain tournant de l'évolution du jazz
bop...
Parralèlement, et en même temps, dans cette suite logique des
événements, les années 50 verront se dessiner, sur la côte ouest des
É-U, un mouvement qui, fidèle à la leçon de Lester YOUNG et du bebop,
aura tendance à calmer les ardeurs guerrières de ce dernier. [NB : Si
J'ai le courage et le temps, Je vous parlerai un jour du JAZZ WEST
COAST...mais Je Me demande si, en fin de compte, vous le mériterez,
bande de ploucs]...
En attendant, sous la houlette du curieux pianiste Lennie TRISTANO (Bon
dieu/MELMOTH...Ce que Je l'aime, çuilà !), toujours sous l'influence
conjuguée de Lester et du bop, une école à la recherche de son
indépendance et de son identité avait vu le jour, principalement
composée de musiciens blancs
(TRISTANO...KONITZ...MARSH...BAUER...SAFRANSKI)...qui ont déjà été
signalés à l'occasion de la rencontre des Metronome all Stars de 1949.
À leur propos on pourrait parler d'un autre tendance COOL ; mais ce
serait selon Moi trop simplifier, et commettre une injustice.
On pourrait également évoquer le fameux TROISIÈME COURANT (Third
Stream) puisque TRISTANO, féru de musique contemporaine (est-il besoin
de rappeler que de très nombreux boppers connaissaient sur le bout des
ongles leurs Bach...Ravel...Debussy, et autres Bartok ou Stravinsky
?...Jeposelaquestion©) tenta d'élaborer un jazz très "cultivé", où
«sensibilité et intellectualité étaient inextricablement mêlées» (Louis
GINIBRE). À de jeu, il ne serait pas difficile d'voquer les ambitions
du vieux "jazz symphonique", dans les années 20, ou encore ne parler
que d'épiphénomène.
L'histoire des FRères de la côte ouest est réservée à d'autres
publications (flemme de vous les donner, ô vous qui ne Me lisaient que
d'un derrière distrait)...
Le plus brillant compagnon d'armes de l'ami Miles DAVIS, l'altiste LEE
KONITZ - le seul, aux jours héroïques, à vouloer jouer autrement que
PARKER sans pour autant le réfuter - sera l'invité, sur un thème
bopisant, de musiciens romains en 1968. Tout ceci a surgi non pas après
le bop (puisque ce dernier existe toujours, et encore pour longtemps,
selon Moi), mais simultanément, au coeur même du courant principal...

Bon...Je M'en vas écouter Tristan & Iseult...De Mon ami Wagner...Et
bien entendu dans LA version "de référence", celle de Furtwängler en
1952...

BOP...suite & fin...

Très vite aussi ont surgi les autres. Ceux qui, anarchiste de gauche ou
de droite, avaient des âmes de déviationistes. Miles DAVIS, bien sûr,
mais aussi des mecs farpaitement opposés, comme John LEWIS (pendant des
années maître d'oeuvre du fameux MJQ)...et Sonny ROLLINS.
Le premier, passionné de musiques européennes (mais dans un sens
différent de TRISTANO), est véritablement le grand homme du troisième
courant...Qui tenta toutes les conciliations. Ses expériances diverses
avec les Européens, le choix de son répertoire en sont autant de
preuves. Détails, cependant : LEWIS n'a rien d'un traître ! Son
affirmation que la Musique est UNE, son refus des classifications,
restent intégralement fidèles à l'esprit révolutionnaire du bebop. -
exprimé par d'autres moyens, voilà tout.
Sonny ROLLINS, très jeune encore à l'époque du bop triomphant, joua la
carte du styliste. Styliste véhément au profil de bison, qui ne voulut
jamais suivre la "politique" d'une seule école - même si celle du bop)
lui paraissait hautement recommandable ! - et préféra puiser là où bon
lui semblait, non pour copier servilement (pas son genre, à ce génie),
mais pour bâtir un édifice neuf (qu'il remit d'ailleurs fréquemment en
question, restant à de nombreuses reprises silencieux pendant des
années)...
Ainsi, HAWKINS, MONK et PARKER servirent-ils à construire un style
parmi les plus originaux qui soient (Now's the Time...Round about
Midnight...Dont Je dois bien avoir, pour ce dernier standard, pas loin
de 200 versions dans MMD), et qui fournirent d'excellentes
illustrations.

Et puis très vite aussi ont surgi les bâtisseurs de mondes. Ceux qui, à
l'instar de Jelly ROLL MORTON ou Duke ELLINGTON dans le passé surent
construire, à partir de la syntaxe du bop, le monde qu'ils portaient en
eux, l'extirper - non sans souffrances -, le placer en face d'eux pour
l'admirer, le juger, le faire admirer. Ceux-là, sans eux, leur musique
est quasiment injouable !...
MONK, forcément...Mais aussi l'immenssissime Charlie MINGUS.
Contrebassiste, arrangeur, compositeur, profond admirateur d'ELLINGTON
et de PARKER (avec qui il a joué), MINGUS a trouvé des harmonies
neuves, des sonorités inédites, mêlé et dépassé les influences de tous
bords. La musique de MINGUS, comme celle de MONK, n'est jamais tout à
fait bebop, jamais tout à fait autre chose !...

Et puis le bebop, de son côté, au travers de toutes ses modifications,
au travers de l'aventure du FREE JAZZ (encore une de ses suites
logiques, bien que devenu assez rapidement une véritable impasse) a
continué...Retrouvant de temps à autre les accents de jadis, refusant
de s'embourgeoiser, des jeunes musiciens cherchèrent à lui rendre sa
splendeur. Bien que moins âpre que l'ancienne, leur musique reçut dans
les années 50 le nom de HARD BOP.
Clifford BROWN et Sonny ROLLINS s'y rallièrent. Mais plus passionnés
encore furent certains continuateurs désirant retremper le bop aux
sources même de la musique noire. Leur jazz/SOULFUL/ s'est de suite
voulu message. Le pianiste Horace SILVER (dans Mon panthéon des
pianistes de jazz), et, surtout, les JAZZ MESSENGERS du batteur Art
Blakey furent et restent les plus illustres représentant du genre (mais
il y en eut beaucoup d'autres !...Vous n'avez qu'à chercher, bande de
feignasses)...

Et puis, au-delà des hommages tardifs que rendent les survivants à
leurs grands disparus, d'autres sont venus pour continuer et
transformer, des deux côtés de l'Atlantique. Dès la fin de la seconde
guerre mondiale, un peu partout en Europe, voire au Japon, de jeunes
jazzmen ont vu le bebop changer radicalemnt leur conception de la
musique et du monde. Regrettons en particulier le guitariste René
THOMAS et le saxophoniste Bobby JASPAR...

L'épopée du bebop, pas plus que celle du jazz tout entier, ne saurait
se réduire à quelques notes éparses, à quelques lignes explicatives,
comme celles que Je Me suis fait chier à écrire...
Enfant de son temps et d'une certaine réalité complexe, en prise
directe sur ceux-ci, réalité à part entière, le bebop possède la même
complexité, la même nature.
La critique (le critique est comme un eunnuque : il parle de choses
sans pouvoir les faire...) est impuissante qui ne peut que décrire
d'une manière figée le mouvent, disséquer le vivant pour ne répéter que
des constantes, de l'inerte.
Le mieux est encore, pour parvenir à connaître, de se laisser prendre
au jeu, et d'AIMER AVANT TOUT [le jazz et le bop en particulier, TOUTES
les BONNES musiques (et dieu/MELMOTH savent s'il y en a !)].
Il se peut qu'aujourd'hui le bebop ne soit plus guère qu'un instant
d'une histoire plus longue. Mais si l'e"xpression a eu tendance à ce
réifier et raréfier ces dernières 30 années, l'ESPRIT lui est toujours
là, intact, vivant...

LE JAZZ CONTINUE...
Jean Toulet
2022-06-22 17:31:57 UTC
Permalink
"MELMOTH" <***@free.fr> a écrit dans le message de news:
62b1e0e4$0$24815$***@news.free.fr...

En voilà une idée qu'elle est bonne...

[...]
un adversaire du bop aussi obtus qu'irréductible, et qui prétendait que
«il est impossible qu'une évolution soit soudaine et rompe brûtalement
avec le passé, comme ça été le cas avec le bop»
Ferais-tu allusion à un feu voisin (de Montauban) que certains baptisaient
"Papenassié"?

[...]
Et cependant le bebop, aussi, marqua une sorte de franche cassure,
affirmée et révendiquée par ses inventeurs...
Par moments, je fais un rapprochement avec, en classique, la musique atonale
et, plus tard, sérielle.Mais je ne suis pas sûr...

[...]
[Fin du premier épisode, Mes gueux (Victor®)]...
Paix à son âme (pas sûr qu'il ait cru à son existence)
Bon...La suite plus tard...Pas sûr d'ailleurs que vous suivez tous,
là...Est-ce que vous Me lisez seulement ?!...
Jeposelaquestion©...
Bé... Je suis en train d' y répondre...

[...]
les fabuleus bassistes Ray BROWN (encore un de Mes Maîtres, çui-là) et
Oscar PETITFORD
Pettitford a laissé un bel héritage au violoncelle, héritage qui n'a
pratiquement pas été repris
[NB : Si J'ai le courage et le temps, Je vous parlerai un jour du JAZZ
WEST COAST...mais Je Me demande si, en fin de compte, vous le mériterez,
bande de ploucs]...
Oh oui oh oui, melmothounet, parle-nous du west coast (tiens! Je vais m'
écouter le "West coast blues" par Wes Montgomery)
Regrettons en particulier le guitariste René THOMAS et le saxophoniste
Bobby JASPAR...
Tous deux belges, n'est-ce pas...
LE JAZZ CONTINUE...
Merci vraiment, mon vieux Melmoth

Jazzmicalement,

Jean Toulet - CeMelmouMeTue!
MELMOTH
2022-06-21 15:23:30 UTC
Permalink
Post by Olivier Miakinen
Bonjour,
Post by Olivier Miakinen
Jazzmicalement,
J'azziza (Mustapha Zadeh) ;-)
Tu sembles avoir un intérêt particulier pour le jazz. Est-ce que tu
ne pourrais pas du coup tenter de faire un peu vivre ce groupe, en
partageant d'autres découvertes que cette excellente Aziza ?
*ATTENTION...GÉNIE*...
Que, Je le reconnais, mis bien longtemps à apprécier, connaître et
cpmprendre (dans lamesure de Mes faibles compétences)...

*Charlie PARKER*, en une quinzaine d'années seulement, s'est imposé
comme l'un _des plus grands CRÉATEURS de jazz_, un _génie de
l'improvisation_, digne du grand *Armstrong* lui-même, bien que dans un
registre évidemment beaucoup plus moderne. Il a porté l'_émotion du
BLUES_ à son point d'incandescence. Doué d'une prodigieuse mémoire, il
était capable d'improviser sur n'importe quel thème et d'imaginer des
chorus tout simplement inouïs...Attentif à tout ce qui se passait
autour de lui, et le transformant immédiatement en figures harmoniques,
que ce soit un bruit...un avertisseur sonore de bagnole...la couleur
d'un vêtement féminin...ou tout autre événement, il l'intégrait à son
discours dans l'immédiateté de l'instant !...Il a _réinventé le blues_,
jouant sur les accords de passage et les renversements pour développer
des lignes harmoniques nouvelles...Il possédait également un souffle
prodigieux et si puissant qu'il pouvait jouer plus fort que les autres
alto, et emporter tout un orchestre dans sa sonorité...même lorsqu'il
jouait un vieux sax en plastique blanc, quand il avait été obligé de
foutre son instrument au clou pour pouvoir se payer sa came !...
On lui doit également des innovations rythmiques importantes, qui se
basent essentiellement sur une exploitation nouvelle des accentuations.
Il porte en effet l'accent alternativement _sur le temps_ et _à
l'intérieur du temps_, en exploitant les différences d'intensité entre
les notes...
La force de son *génie* s'est hélas doublée, on le sait, d'une grosse
part d'ombre, d'une _tragédie intérieure_ qui finit par l'emporter
prématurément, mais qui imprègne son jeu d'une sensibilité à fleur de
peau (un peu comme le grand *Chet BAKER*, dont Je vous ai parlé
récemment dans un brillantissime exposé) qu'il exalte jusqu'au bout de
l'émotion, jusqu'au bout de sa propre existence...

Voilà...
On rentre vraiment dans le sujet quand J'en aurai le courage, Mes gueux
[Victor©]...

Charlie PARKER Jr naît le 29 août 1920 à Wyandotte, Kansas, de Charles
Parker Sr. et Addie Boyley. Son père est natif de Memphis et bosse
comme serveur dans les trains de grande ligne...après avoir été tour à
tour danseur et bosseur dans un cirque !...La mère, elle, travaille
comme "technicienne de surface", comme on dit maintenant, et élève
seule son fils en raison des absences répétées du paternel, d'abord
pour raisons professionnelles, mais surtout après la séparation du
couple à la fin des années 20.
Au début des années 30, la famille vit à Kansas City, et Charlie
fréquente la Crispus Attucks School jusqu'en 1932 et, contrairement à
la plupart des gosses de son âge, n'a pas besoin de faire des "petits
boulots"...

Absolument rien ne semblait le prédisposer à la musique (comme Moi
quand J'étais gosse, quoi...)...Jusqu'à lâge de 13 ans, quand la
famille s'installe près du quartier des musiciens que Charlie doit
traverser tous les jours que dieu/MELMOTH font pour se rendre à sa
nouvelle école, la Missouri's Lincoln High School. Il débute brièvement
et à vrai dire sans grand enthousiasme l'apprentissage du saxhorn
baryton au sein de la fanfare de l'école, dirigée par un certain Alonso
Lewis...
Il tombe ensuite littéralement amoureux du saxophone alto Rudy VALEE,
et sa mère lui offre alors son premier instrument...
À partir de 1932, le jeune ado fait bien entendu l'école buissonnière
et essaye de participer à des jamm-sessions, où il n'est bien entendu
la plupart du temps pas le bienvenu, comppte tenu de la pauvreté de sa
technique !...
Il continue cependant son initiation avec acharnement, avec entre
autres le pianiste Lawrence KEYES...
En 1935, sa mère lui offre un instrument de meilleure qualité (Ma mère
à Moi ne M'a jamais offert le moindre instrument, nom de
dieu/MELMOTH...J'ai dû le voler aux Nouvelles Galeries de Rennes, en
1957...c'était un harmonica diatonique...et ce fur Ma grand-mère qui
M'offrit un an plus tard un Hohner chromatique à 18
trous...Mébon©...Vous vous en foutez royalement, et vous avez
diantrement raison).
Il se marie (ce con) avec sa voisine, Rebecca Hellen Ruffin l'année
suivante, et fréquente de plus en plus souvent les clubs de jazz de
Kansas City...et va même jusqu'à approcher Pete JOHNSON...Lester
YOUNG...Herschel EVANS...Eddie BAREFIELD...Roselle CLAXTON...Count
BASIE...et même Coleman HAWKINS et Ben WEBSTER (Mes trois dieux du
ténor avec Young), tout en continuant laborieusement son propre
apprentissage (il M'a bien fallu 4 ou 5 ans pour jouer à peu près
correctement de l'harmonica, en écoutant en boucle Larry ADLER ou le
Trio Raisner !...Mébon©...Vous vous en foutez royalement, et vous avez
diantrement raison)...

Charlie intègre un orchestre d'étudiants dirigé par Lawrence KEYES, les
/Deans of Swing /, où apparaît alors également le chanteur Walter
BROWN...Il est malheureusement victime d'un accident de bagnole (le
28/11/1935), dont il ne sort (heureusement, pour le coup) qu'avec trois
c^tes cassées, mais aussi des problèmes de colonne vertébrale. Sa mère
lui fait alors installer un piano à la maison (Je Me demande où cette
brave femme a trouvé de tels moyens pour s'occuper comme elle l'a fait
de son futur génie de fiston)...Il s'achète un nouveau saxe alto et
travaille chez lui pendant toute sa convalescence, aidé par Charlie
Powell et Lawrence Keyes (qui, eux, ne M'ont jamais aidé, nom de
dieu/MELMOTH)...Il travaille aussi avec un ami tromboniste Robert
SIMPSON, qui mourra un peu plus tard au cours d'une opération du coeur
(dont pour Ma part Je suis revenu vivant, rien que pour vous, bande de
veinards, il y a une quinzaine d'années). C'est sans doute à ce moment
de sa vie que PARKER commence à prendre des drogues pour combattre ses
douleurs, ce qui, les initiés le savent, va avoir des répercussions
tout au long de sa vie à la fius extraordinaire et misérable...

Et voilà notre brave Charlie qui, dans les années 36, joue dans le
septette de *Tommy DOUGLASS*, clarinettiste et saxophoniste chevronné
(mais complètement oublié de nos jours), qui poursuit son éducation, et
tente de corriger ses (encore nombreux) défauts...Jusqu'à l'été 1937,
Charlie joue dans l'orchestre de *George E. LEE*, qui se produit à
/Lake Taneycommo/, avec en particulier *Carlie POWELL* et le guitariste
*Efferge WARE*, qui lui prodiguent tout deux de pertinents conseils et
poursuivent son éducation harmonique...
Pendant ses heures de repos, il étudie en particulier le jeu de *Lester
YOUNG* (un sacré bon, çui-là, c'est Moi qui vous l'assertionne© !)...À
la fin de cet engagement, PARKER a fait de réels progrès et et même
devenu un saxophoniste plus qu'honorable...mais, trois fois hélas, il a
aussi _découvert l'héroïne_...De retour à Kansas City, il joue dans les
clubs...C'est à cette époque qu'il va découvrir *Jay MvSHANN* qui,
l'entendant au /Barley Duke/, sera littéralement fasciné par
_l'originalité de son jeu_...
À l'automne 1937, Charlie intègre la formation de *Buster SMITH*, un
sextette dont les sets sont retransmis à la radio, grâce à quoi la
réputation d'improvisateur de PARKER va s'amplifier (On n'insistera
jamais assez le rôle importantantissime de la *radio* à cette époque
pour la connaissance des musiques, qu'elles soient de jazz ou
classiques...sans compter évidément la variétoche)...SMITH finira par
conduire un grand orchestre qui se produira au /Antler Club/ avant de
retourner à NYC, à l'orée des années 38, abandonnant PARKER qui le
considérait un peu comme son père, et qui va alors végéter tout au long
de cette année (comme Moi J'ai végété pendant maintenant plus de 65
ans), jusqu'à ce qu'il quitte sa conne de meuf et embarque
clandestinement dans un train pour Chicago, où il ne restera que
quelques jours pour lui faire admirer sa manière de jopuer dans
quelques clubs, et surtout de trouver une place dans un bus de musicos
partant pour New York La Pomme !...
À peine arrivé, il s'empresse d'aller trouver Buster SMITH chez qui il
s'installe. Il se fait alors remarquer en jouant dans des clubs lors
des fameuses jamm-sessions, comme au /Monroe's Upton House/, où il joue
avec les trompettistes *Vic COULSON* et *Bobby MOORE*...Il travaille
aussi comme plongeur (faut bien gagner sa croute, hein) au /Jimmy
Chicken Schack/, ce qui lui permet d'y écouter tous les soirs *Art
TATUM* (!...Perso, beaucoup trop de notes à Mon goût !)) dont il va
s'employer à mémoriser les progressions harmoniques. Il répéète aussi
avec *Biddy FLEET*, un guitariste qui comme lui cherche à innover avec
les accords. Il commence d'ailleurs à jouer des renversements d'accords
et en tirer des mélodies différentes de celles d'origine, et affirme
ainsi ses conceptions harmoniques...Désormais, _PARKER possède son
propre style_ !...

Il joue ça et là pour survivre jusqu'à la fin de l'année 1939, jusqu'à
ce qu'il soit engagé à Kansas City dans les /Rockets/ de *Harlan
LEONARD*, où il retrouve *Efferge WARE* et fait la connaissance de *Tad
DAMERON*.
En 1940, alors que ce con a refisé un engagement dans l'orchestre du
*Duke* (!), il rencontre *Dizzie GILLESPIE* qui est de passage dans la
ville, avec *Cab CALLOWAY*, et qui sera immédiatement conquis par ce
musicien _qui joue de la même manière que lui_...Bird, pour sa part,
comprend qu'il est loin d'être le seul à vouloir bousculer les
habitudes du jazz. Cette rencontre avec Dizzie s'avérera donc
déterminante par la suite.
À l'été 1940, PARKER intègre l'orchestre de *Jay McSHANN*, une grande
formation au répertoire étendu et au swing efficace dont la vocation
est d'animer des salles de dance et faire du spectacle...Il y laisse
toutefois son empreinte en organisant certaines répétitions...Un
octette issu de cette formation enregistrera à /Wichtia/ cinq titres où
apparaîtront les influences de Lester YOUNG (/Lady Be Good/,
/Honeysuckle Rose/)...de Buster SMITH (/Body & Soul/)...mais aussi la
sensualité de Bird et sa faculté à jouer de ballades (/Coquette/), et
surtout sa façon personnelle de jouer des gammes majeures (/I've Found
aNew Baby/). Cet enregiostrement montre s'il en était besoin qu'à cette
époque le jeu de PARKER est déjà farpaitement en place...Au printemps
1941, l'orchestre au complet part en tournée dans le /Deep South/ et
enregistre le 30 avril à Dallas un disque qui connaîtra un certain
succès.

En janvier4 2, l'orchestre se produit à NYC, au /Savoy/. Bird y fait
sensation et devient l'attraction principale de l'orchestre qui
enregistre en juillet, en particulier une version de /Sepian Bounce/
dont les deux chorus de Bird vont faire école !...Après les concerts,
il poursuit les soirées en allant jouer au /Clark Monroe's/, croisant
*GILLESPIE*...*MONK*...*Joe GUY*...*Hot Lips PAGE*...*Kenny
KERSEY*...et autres *Roy ELDRIDGE*...*Kenny CLARKE*...*Charlie
CHRISTIAN* ou *Vic DICKENSON*...Excusez du peu !...
Il souhaite quitter Mc SHANN pour rejoindre l'orchestre de *Count
BASIE*, mais l'audition se passe mal et Mc SHANN l'oblige à repartir en
tournéz avec lui...PARKER lâchera l'orchestre brutalement (nonmé© !) à
Détroit pour se re-précipiter à New York...En septembre, il est
contraint de retourner à Kansas City, où il va enregistrer quelques
thèmes avec *Efferge WARE*...Il traîne jusqu'à Noël et rejoint allors
*Dizzie GILLESPIE* et *Benny HARRIS* dans la formation d'*Earl HINES*,
où il doit remplacer *Bud JOHNSON*. Il joue alors _du ténor_, de la
même façon qu'il jouait de l'alto, ce qui lui donne une sonorité
particulière...Une _formidable complicité_ est en train de s'établir
entre Bird et le trompettiste Dizzie GILLESPIE, qui vont désormais
répéter ensemble quotidiennement et donner cours à leur formidable
imagination créatrice.
L'orchestre débute à Chicago au /Savoy/ le 14 février 1943. PARKER a
sans doute envie d'une autre expérience que celle de l'orchestre ; il
préférerait aussi certainement NYC à Chicago, et, bien qu'il se remarie
(faut vraiment être décidément con !) en avril avec une obscure meuf
danseuse de profession, il finira par quitter Earl HINES en septembre,
retrouvera brièvement Jay McSHANN et fera un court passage chez *Noble
SISSLE*.
En février 1944, Dizzie et Bird se retrouvent dans l'orchestre de
*Billy ECKSTINE* qui part en tournée. Passant par Saint-Louis, PARKER
sera "approché par un jeune trompetteiste, *Miles DAVIS* (!), _sur
lequel il va avoir une influence déterminante_. PARKER abandonnera cet
orchestre (en fait, il n'aura jamais vraiment été à l'aise au sein de
grandes formations) fin août et se joint alors à *Ben WEBSTER* qui joue
à New York. Le quintette qui se produit à l'/Onyx/ se compose alors de
*Ben WEBSTER*, *Charlie PARKER*, *Argonne THORNTON* (piano) et *Denzil
BEST* (drums). Quand le quintette ne joue pas, Bird traîne comme dabe
dans les boîtes, participant à toutes les jam sessions qui se
présentent. Il est souvent accompagné du guitariste *Tiny GRIMES* avec
qui il enregistrera en septembre quatre thèmes, dont /Red Cross/. Bird
aura aussi l'occasion de croiser la route de l'immense *Bud POWELL*
lorsqu'il remplace Eddie WILSON au sein de la formation de *Cootie
WILLIAMS*...Il participe à une séance d'enregistrement dirigée par le
pianiste *Clyde HART*, avec GILLESPIE et *Don BYAS*, le 4 janvier 1945.
Dizzie l'attendra en vain le 9 février pour une séance d'enregistrement
pour laquelle Bird sera remplacé par *Dexter GORDON*. Pourtant, le 18
février, il sera présent pour ce qui restera comme l'acte de naissance
d'un musique nouvelle...le *BEBOP*, dont J'ai si brillamment parlé il y
a peu de temps...Toutes se particularités y sont exposées avec
maîtrise, ruptures tonales, liaisons et chorus acrobatiques,
dissonances.../Salt Peanuts/ et /Hot House/, enregistrés le 11 mai,
constitueront le _manifeste du bebop_...PARKER et GILLESPIE y
rivalisent d'audace et leur complicité musicale est tout simplement
superbe et éclatante...

Les deux virtuoses vont ensuite se produire au /Three Deices/, en
quintette avec *Al HAIG*, *Curley RUSSELL*, *Stan LEVEY* (remplacé par
*Sid CATLETT* ou *Max ROACH*). La cohésion de cet ensemble est
remarquable et la musique qu'ils jouent atteint un rare degré d'énergie
et de vitalité. Le 6 juin, les deux compères se retrouvent en studio
pour accompagner le vibraphoniste *Red NORVO* qui, pour la
circonstance, est entouré de *Flip PHILLIPS*, *Teddy WILSON*,
l'inénarrable *Slam STEWART*...(Vous savez...celui qui ne joue de sa
basse quasiment qu'à l'archet tout en s'accompagnant à l'octave de sa
voix !), *Gordon POWELL* ou *J?C.HEARD*...Après cette séance, GILLESPIE
va (enfin) former son prpore orchestre, _sans Bird_ qu'il ne trouve pas
assez fiable, du fait de ses trop nombreux retards et absences.
PARKER est alors engagé comme tête d'affiche au /Spotlite/, puis au
/Three Deuces/, participe au nouveau groupe de GILLESPIE avec *Bud
POWELL*, *Ray BROWN* et *Max ROACH* (rien que ça !!)...
La complicité entre DIZZIE et BIRD va hélas se transformer en
concurrence, que PARKER vit plutôt mal, considérant que GILLESPIE lui
fait de l'ombre.
Pour la séance d'enregistrement du 26 novembre sous son nom, PARKER
embauche pour tenir la trompette un jeune fan fraîchement débarqué de
son Saint-Luis natal, *Miles DAVIS*, et Dizzie joue alternativement de
la trompette et du piano...C'est que le jeune Miles est encore trop
timide et inexpérimenté pour pouvoir assurer la trompette seul !...

En décembre 45, GILLESPIE forme un nouvel orchestre qui doit se
peroduire en Californie. Mais l'accueil est plutôt mitigé, maus Bird et
Dizzy sont tout de même invités à participer à une séance
d'enregistrement de *Slim GAILLARD* (le fameux compère de *Slam
STEWART* !) le 29 décembre, puis participent aux concerts /Jazz At The
Philharmonic/, où Bird apparaît aux côtés de *Lester YOUNG*...Dizzy
quitte alors la Californie et PARKER se produit au /Finale/. Il y sera
rejoint par Miles qui a débarqué à L.A. avec l'orchestre de *Benny
CARTER*, qu'il quitte rapidement pour rester auprès de
Bird...L'orchestre qui se produit au /Finale/ comprend, outre Miles et
Bird, le pianiste *Joe ALBANY*, le batteur *Chuck THOMSON* et le
bassiste *Addison FARMER*, jusqu'à la fermeture du club.
Miles part alors pour Chicago, et PARKER se retrouve...au chômage !...
Il _sombre alors dans l'alcoolisme_...
*Howard McGHEE* l'engage pour tenir l'alto dans l'octette qu'il forme
pour jouer au /Swing Club/. Mais PARKER ne s'y sent pas à l'aise et
continue d'absorber de fortes quantités d'alcool et de benzédrine, ce
qui détruit complètement son système nerveux, forcément...

Bon...Je vous laisse pour aller baffrer...
À plus, si Je n'ai pas camardé entre temps...

Fin juillet 1946, Bird, probablement encore chargé à mort, met le feu à
sa chambre en s'endormant avec un clope allumé...Direction hosto pour
une dizaine de jours, puis cure de rétablissement de 6 mois à
/Camarillo/...Il en ressort en janvier 1947 et se rend immédiataement
au /Jack's Basket Room/ où le public l'ovationne quand il fait le boeuf
avec son poteau *Eroll GARNER* (+ *Red CALLENDER*, *Joe JONES*, et
*June CHRISTIE*)...Une soirée de bienvenue sera organisée pour le
"héro" le 1er février, où il apparaîtra en pleine forme !...

Il va cependant avoir du mal à trouver un boulot, malgré sa réputation
désormais bien établie de musicos pro et exceptionnel. Dans un premier
temps, il ne peurt rien faire d'autre que de participer aux
jam-sessions organisées par *Howard McGHEE*, et jouer avec le trio
d'Eroll, avec lequel il enregistrera pour /DIAL/ le 19 février derrière
le chanteur *Earl COLEMAN* (franchement, c'est loin d'être un de ses
meilleurs disques, hein !). Le ritre /Dark Shadow/ fera malgré tout un
malheur, grâce essentiellement aux splendides contrechants de Bird.
Enfin, il réussit à former un /All Stars Band/ à Hollywood, avec rien
moins que *Barney KESSEL*, *Wardell GREY*, *Howard McGHEE*, *Dodo
MARMAROSA*, *Red CALLENDER* et *Don LAMOND* (grand batteur,
complètement oublié de nos jours)...Et y enregistrera quelques blues
somptueux, dont le fameux /Relaxin at Camarillo/.
Début mars 47, il retourne dans la formation de McGHEE avec qui il
interprète des standards, mais où, pour une fois, il se montre calma,
serein et...sobre !...
Le 7 avril, il est de retour à NYC où triomphe son pote *GILLESPIE* qui
conduit à nouveau une grande formation (ça a toujours été son truc, à
ce génie de la trompette aux joues de crapeau en rut !), laquelle se
produit au /Savoy/. Bird y débarque en plein concert(!) le 8 avril,
traversant la salle en jouant !...Ces retrouvailles vont lui donner
l'ocdcasion de s'intégrer à l'orchestre de DIZZY, dans lequel on ne
trouve pas mois que les grosses pointures que sont *Miles
DAVIS*...**Fats NAVARRO*...*Kenny DORHAM* et, moins connu, *Freddie
WEBSTER*. Malheureusement l'expérience tourne court, PARKER refusant de
jouer...autre choses que ses propres solos !
Malgré ça, il rejoint /Jazz At The Philharmonic/ pour la deucième fois,
pour sic concerts au /Carnegie Hall/ à partir du 5 mai...La firmation
se compose alors de *RoyELDRIDGE*...*Coleman HAWKINS*...*Eddie
SAFRANSKI*...*Buddy RICH et *Hank JONES* !...Et les concerts du lundi
rencontrent un très vif succès. D'autres concerts à cette période vont
réunir BIRD et GILLESPIE, durant lesquels les auditeurs prendront parti
pour l'un ou pour l'autre en exhibant des pancartes, rendant manifeste
cette concurrence larvée qui couvait (vous êtes sensés le savoir, si
vous avez lu les chapitres précédents, bande de pignoufs) derrière une
apparente complicité, peut-être même d'ailleurs à l'insu des
protagonistes eux-mêmes !...Le public ressent-il ce qui éloigne ces
deux génies, ou cette opposition n'est-elle qu'une manifestation
superficielle des fans ? Jeposelaquestion©...Toujours est-il que ces
divergences, d'ordre _musical, vont perdurer. D'une manière encore
subtile, DIZZY a tendance à s'éloigner des formes "bluesy" qui
constituent le fond émotionnel du jeu de BIRD, pour s'orienter de plus
en plus vers une musique à caractère plus "festif" et gai, où
commencent à pointer ça et là des accents carraïbéens, même si PARKER
ne va pas lui aussi tarder à s'intéresser à cette musique, quand il
rencontre l'orchestre afro-cubain de *Machito* en décembre 1948...
En même temps, cette opposition, si on peut la nommer ainsi, enrichit
le résultat de l'ensemble à travers les différences de coloration qui
s'inscrivent à l'intérieur du développement d'un thème unique, ainsi
que par la qualit" des chorus qui oppose chacun des deux musicienn
malgré tout toujours profondément amis...

Le 8 mai 47, BIRD retrouve le chemin des studios, accompagné pour la
circonstance de *Miles DAVIS*, *Bud POWELL*, *Tommy POTTER* et *Max
ROACH*. Mais l'enregistrement sera laborieux et PARKER remplacera
POWELL par *Duke JORDAN* au moment où le quintette sera engagé au
/Three Deuces/ (août). PARKER jouera et enregistrera avec cette formule
tout au long de l'année 48. Il fera une tournée dans le /Middle West/,
participera de nouveau au /JATP/ et recvra même deux trophées décenés
par la célèbre revue /Metronome/ (celui du "Top Jazz Influence" et ce
lui du meilleur saxo alto). Il est alors _au sommet de sa gloire_ !!...

Bon...Je fatigue là...
La France se fera forcément battre ce soir...Mais comme de toute façon
le "foute" Me fait royalement chier, n'est-ce pas, Je serai davent Mes
Klipshorn Heritage en train de savourer Bach...Ligeti...Boulez...Et
pourquoi pas PARKER !?...Jeposelaquestion©?...

Bon...Comme Je l'avais assertionné, la France s'est fait _humilier_ par
les Mexicos...Bien fait pour cette équipe de
merde...Mébon©...Personnellement, Je M'en bats ce qui Me reste de
couilles à un point que vous ne pouvez imaginer, ô Amis mélosiciens...

Continuons donc notre aventure de ce *génie* de *Charlie PARKER*, si
vous le voulez bien...

Cette formule de quintette (qui sera selon Moi celle qui conviendra
toujours le mieux à Notre Ami), qui semble la plus apte à offrir la
liberté musicale dont BIRD a besoin, ne suffit cependant pas à le
satisfaire pleinement...PARKER ressent en effet l'impérieuse nécessité
de multiplier les expérimentations orchestrales. MILES commence de son
côté à vouloir voler de ses propres ailes, et reproche à BIRD sa
toxicomanie (que lui aussi pourtant "pratiquera" !), ainsi que de ne
pas payer ses musicos régulièrement...
En 1949, il participe au /Metronome All Star/, avec
*GILLESPIE*...*DAVIS*...*NAVARRO*...*J.J.JOHNSON*...*Kay
WINDING*...*Buddy DeFRANCO*...*Charlie VENTURA*...*Ernie CACERES* et
autres *Lennie TRISTANO*...*Billie BAUER*...*Eddie SAFRANSKI*...*Shelly
MANNE* et *Pete RUGOLO*...
Il participe également au /Festival de jazz de Paris/ où il partage la
vedette avec *Sidney BECHET*, et se produit salle Pleyel, qui programme
également *Miles DAVIS* et *Tad DAMERON* (putain !...la belle et grande
époque !...Imagine-t-on ça de nos jours ?...Jeposelaquestion©), et où
il sera reçu et acceuilli chaleureusement. Il songe alors à revenir à
Paris pour étudier et parfaire ses connaissances en _musique classique_
(!)...Il écoutait déjà
*Hindemith*...*Stravinski*...*Bartok*...*Debioussy*...*Milhaud* et
autres *Schoenberg*...*Ravel*...*Beethoven*...*Bach* ou *Brahms* (que
vous, bien entendu, qui Me lisez, ne connaissaient forcément pas, bande
de nazes)...et rêvait de s'essayer à la _musique européenne_.
De retour au States, il change son répertoire et, à la fin des années
49, travaille avec un orchetre à cordes (d'innombrables "grands" du
jazz ont rêvé de faire la même chose, et l'ont d'ailleurs bien souvent
réalisé...Ce qui a donné à Mon sens des enregistrements pour le moins
sirupeux et guère intéressants sur le plan purement jazzistique), et
délaisse l'improvisation pour jouer des paries écrites (on se rapproche
de la WEST COAST, là !). Les arrangements sont écrits par *Jimmy
CAROLL* que BIRD trouve à la fin trop conventionnel, et qu'il
remplacera par *Jimmy MUNDY*, pui *Joe LIPMAN*...en fin de compte guère
plus original que ses prédécesseurs, mais qui lui laisse de l'espace
pour jouer ses chorus. Malgré cette forme musicale de l'accompagnement
soumise à l'_écriture_ et, de fait, toujours joué de la même façon,
BIRD, lui, ne joue jamais deux fois la même chorus (!) et reste malgré
tout _maître de ses impros_ !...
Cependant, tout ceci constitue malgré tout une entrave à l'expression
des immenses qualités de BIRD, ce que remarqueront des musiciens tels
que *TRISTANO*, qu'on ne peut accuser d'être réfractaire à la musique
classique et qui n'hésitera pas à stigmatiser la pauvreté de ces
arrangements, et qui restera persuadé que BIRD joue, dans ce type de
formation, _contre nature_...
Et en effet, comment ce _génie absolu de l'improvisation_ aurait-il
puexprimer toute sa puissance créatrice et émotionnelle dans des formes
si étrangement figées et banales ?...Jeposelaquestion©...
Le rêve de "musique sérieuse" aura très souvent, chez les plus grands
jazzmen, fonctionné comme un _fantasme_...une espèce de _complexe_ que
ces génies de la Musique Noire Américaine développeront souvent envers
leurs homologues classiques, et qui hante leur imaginaire au point,
pour certains d'entre eux, d'y _perdre leur âme_...BIRD ne pouvait se
sentir à l'aise que dans une formation orchestrale qui lui permettait
d'_improviser_ et de jouer ses chorus comme il l'entendait...Le
problème, c'est que cette formule jazzistique _bâtarde_ rencontrait
l'adhésion du public qui se prenait au jeu de la musique dite
"savante", et que les enregistrements réalisés par ce curieux ensemble
rencontrèrent un succès certain !...Putain de public !...
Cependant, PARKER n'abandonne pas la formule du _quintette_ et joue en
alternance avec un orchestre ou l'autre. Fin 1949, il se produit au
/Carnegie Hall/ avec son quintette, dans lequel *Red RODNEY* a remplacé
*Kenny DORHAM* à la trompette, et où *Roy HAYNES* tient désormais la
batterie. L'alternance des formules aura pour conséquence que le
quintette entre dans une période de changement constants de ses
membres, les uns remplaçant les autres au gré des engagements de
chacun, l'homogénéité de l'ensemble s'en ressentira, même si la
présence de BIRD au sommet de son art illumine chacune de ces
formations...
Enfin, BIRD s'intéresse au projet de l'arrangeur *Gene ROWLAND* de
monter un orchestre de _28 musiciens_ (!), projet qui n'aboutira
d'ailleurs jamais (et on ne le regrettera pas !) à autre choses que de
gigantesques jamm-sessions chez *Joe MAINI*, un musicien ami de *Lennie
BRUCE*, et toxico lui aussi...Bien que la plupart des "pointures" de
NYC (entre autres *MILES*...*DIZZY*...*ROACH* ou *MULLIGAN*)
participeront à ces boeufs, le seul effet de ces réunions sera
d'attirer l'attention...de la brigade des stups !...

Bon...Je Men vas écouter la suite de l'intégrale des cantates de Mon
Ami J.S.BACH, le "Cantagrel" sur les genoux...Et remplacerai Gaugin par
Degas, pour changer...

En juin 1950, PARKER se produit au /Birdland/ avec *Fats NAVARRO*, pour
un concert qui sera diffusé à la radio, puis enregistré le même mois
avec *GILLESPIE* et *MONK*...Après l'interruption du tournage d'un
court métrage dans lequel il devait apparaître, BIRD s'envole pour la
Scandinavie (on sait que de très nombreux jazzmen ont toujours aimé
cette région d'Europe, et certains s'y sont même installés à demeure !)
le 18 novembre où il doit se produire en même temps que *Roy ELDRIDGE
(Ah ! Les fameuses "bagarres" entre ELDRIDGE et GILLESPIE dans les
boeufs des boîtes de NYC !). La tournée est un succès et BIRD rejoint
Paris, pensant sans doute à nouveau pouvoir y parfaire ses
connaissances musicales. Mais il doit retourner à NYC en toute hâte,
souffrant d'un ulcère à l'estomac.
Le 21 décembre, il retrouve *Machito* dans l'orchestre duquel il va
remplacer comme soliste le trompettiste *Harry EDISON*. Il participe à
quelques enregistrements avec *MILES* et *MAX* (Roach) et, le 31 mars
1951, donne un concert au /Birdland/ où apparaissent GILLESPIE, POWELL,
POTTER, et HAYNES...Mais son comportement et des nombreux retards
l'isolent de plus en plus, au point où ses accompagnateurs finiront par
déposer une plainte au syndicat des musiciens !...
En mars 1951, il enregistre des thèmes sud-américains avant de se
produire avec Machito au /Birdland/ en juin.
C'est alors que la /State Liquor Authority/ lui retire pour 15 mois
sacarte de travail (on se doute bien pourquoi !), de sorte qu'il n'a
plus le droit de se produire dans les cabarets de New York. Il part
donc pour Kansas City (une fois de plus !) où il intègre l'orchestre
de...*Woody HERMANN* !. Le 8 août, il est de retour à NYC pour un
enregistrement à la tête d'un quintette avec *Red RODNEY*, *John
LEWIS*, *Kenny CLARKE* et *Ray BROWN*. Il enregistrera ensuite mour le
label de *Norman GRANZ* (qui a tant fait pour le jazz !), avec un big
band de studio, une sélection de standards arrangés par Joe LIPMAN. Le
disque se vendra bien malgré (ou grâce) à l'ambiance aseptisée et
sirupeuse qui se dégage de son orchestration, et où BIRD joue seul en
avant, comme un chanteur !...

En février 1952, il est de nouveau récompensé par la revue /Downbeat/
et il part en juin pour la Californie afin d'enregistrer avec *Johnny
HODGES* et *Benny CARTER*, en même temps qu'il est engagé au /Tiffany
Club/. Il embauche comme sideman un tout jeune trompettiste blanc,
*Chet BAKER* (cf. Mon prodigieux article sur ce grand bonhomme), avec
qui le sourant passe. Le duo fonctionne farpaitement et se produira
ensuite au /Trade Winds/. L'approche instinctive de CHET et l'émotion
qu'il met dans sa façon de jouer le blues font de sa trompette un écho
au souffle de BIRD, à travers ses contre-chants inspirés...

De retour à New York au début du mois de septembre, BIRD, qui vient
d'avoir un fils prénommé *BAIRD*, récupère sa carte de musicien et se
produit alternativement avec son quintette et sa formation à cordes.
En décembre, il enregistre pour la 1ère fois en _quartet_ avec *Hank
JONES*, *Teddy KOTICK* et *Max ROACH*, puis en janvier 53 participe à
une séance d'enregistrement houleuse avec MILES, où il croise *Sonny
ROLLINS* qu'il incite à abandonner la drogue (faudra qu'un jour Je vous
ponde aussi un opus sur cet immense ténor que fut ROLLINS). En mai,
BIRD participe à un _concert mythique_ à Toronto, avec POWELL, ROACH,
GILLESPIE et MINGUS, ensemble dénommé pour l'occasion /The Quintette Of
The Year/...Les initiés savent dans quelles conditions s'est déroulé ce
concert hallucinant...Le même soir avait lieu un chmapionnat de boxe de
poids lourds, ce qui fait que la salle de concert était à moitié
vide...De plus, tous les musicos étaient bourrés à mort...Et c'est le
réflexe qu'eut MINGUS d'appuyer sur un magnétophone à fil qui traînait
au fond de la scène qi permit d'enregistrer ce concert _légendaire_
(que J'ai bien dû écouter de centaines de fois, en vinylme puis CD
!)...

Il va ensuite tenter de réaliser son rêve d'enregistrer avec sa section
rythmique plus un cor, un hautbois, un basson, une flûte et une
clarinette, formation qui s'adjoindra les services des *Dave Lambert
Singers*. Le projet est supervisé par *Gil EVANS* qui a déjà réalisé
les arrangements du nonette de MILES...Faute de temps et de
répétitions, le résultat s'avère calamiteux.
En juin, PARKER triomphe au /Birdland/, puis se produit avec *Thelonius
MONK* à l'/Open Door/ en septembre et part en tournée dans l'Orégon
avec *Chet BAKER*, *Jimmy ROWLES*, *Carson SMITH et *Shelly MANNE*. Il
prend ensuite part à une tournée sur la côte Ouest avec *Stan KENTON*,
puis se produit à nouveau au /Tiffany Club/ avec le trio de *Joe
ROTONDI* dont il sera rapidement viré !...
C'est à ce moment qu'il apprend la _mort de sa fille PREE_...De retour
à NYC pour le funérailles, BIRD, qui ne travaille plus beaucoup, est de
moins en moins fiable. Sa déchéance physique s'accélère et il traîne
son _désespoir_ d'esclandres en esclandres, insulatant ses
accompagnateurs en public. C'est alors qu'il tente pour la première
fois une _cure de désintoxication alcoolique_, après avoir ingéré le
contenu d'un flacon de teinture d'iode (!), et s'installe à la campagne
dans l'espoir de remonter la pente...En vain, la mort de sa fille a
fini de lui consumer l'âme, et il va quitter sa femme et la campagne
pour retourner à ses errances noctambules et désespérées.
Il va cependant à nouveau illuminer de son génie quelques rares
instants dans cette descente aux enfers, comme ce concert légendaire
lui aussi au /Town Hall/ avec *MONK*, *Art FARMER*, *Sonny ROLLINS*,
*Jimmy RANEY*, *Gigi GRYCE*, *HOrace SILVER* et *Winton KELLY*, ou les
concerts qu'l donne à l'/Open Door/ avec les trompettistes *Tony
FRUSCELLEA* et *Don JOSEPH*.

Sa déchéance s'accélère à partir de l'automne 1954. Le plus souvent
_sans instrument_, BIRD assure quelques engagement à droite et à
gauche, avec un sax en platique (blanc !), souvent en dehors de New
York, alternant l'absence et le sublime...
En décembre, il termine un album consacré à *Cole PORTER*. Il semble
cependant de plus en plus seul et désespéré (un peu comme Moi, en
quelque sorte), senatnt sans doute sa fin onéluctable. Sans domicile
fixe (contrairement à Moi, qui vient pour la première fois de Sa vie de
devenir propriétaire, Mes Gueux©Victor), il dort où il peut, souvent
dans des cinémas oou, pendant un temps, chez le peintre Harvey CROPPER.
Ils onge à se convertir à la religion musulmane, et pense changer son
nom pour celui de *Saluda HAKIM* !...Il se plaint sans cesse de ne plus
trouver de boulot...
Deux concerts exceptionnels seront organisés pour lui début mars 1955,
avec *Bud POWELL*, *Charlie MINGUS*, *Art BLAKEY* et *Kenny
DORHAM*...le premier se déroule farpaitement, mais le second donne lieu
à un scandale entre BIRD et BUD, et le groupe ne jouera plus qu'en
trio...PARKER joue comme à son habitude des tempos d'enfer avec toute
l'énergie dont il est encore capable, comme un ultime cri au ciel...

Il décédera d'un arrêt du coeur quelques jours plus tard, le 15 mars
1955, chez la baronne *Pannonica de KOENIGSWARTER*, une mécène du jazz
qui l'avait recueilli, comme elle l'avait fait avec *MONK*, qui resta
cloîtré chez elle sans dire un mot pendant 10 ans !...

Voic terminé une brève vie de cet Homme Extraordinaire et Sublime que
fut *Cherlie PARKER*...Pondue par cet autre Homme Extraordinaire et
Sublime qu'est *MELMOTH*...

Lire si vous le trouvez encore l'excellent bouquin de *Ross RUSSEL* :
"BIRD - La vie de Charlie Parker" (Éditions Filipacchi - ISBN
2-85018-192-7)...
Jean Toulet
2022-06-23 10:52:36 UTC
Permalink
Post by MELMOTH
*ATTENTION...GÉNIE*...
Que, Je le reconnais, mis bien longtemps à apprécier, connaître et
cpmprendre (dans lamesure de Mes faibles compétences)...
[...]

Encore une fois, merci Melmoth.

Je suppose que tu connais le film qu'a fait Clint Eastwood sur Charlie
Parker ("Bird")?

Je garde en mémoire cet épisode cocasse avec le trompettiste Red Rodney:

Pour les ceusses qui l' ignoreraient:

A l' occasion d'une tournée dans le sud profond, sachant qu'ils allaient
jouer dans des quartiers exclusivement noirs, Parker craignaient qu'il y ait
quelques coups de roulis car Rodney était le seul blanc de l'orchestre, le
seul blanc de l'auditoire, a vrai dire le seul blanc à l' horizon...

On contourna le problème en présentant Rodney comme un "frère" devenu
albinos et on le baptisa "Albino Red"

Jazzmicalement,

Jean Toulet - Mignon,Non?
MELMOTH
2022-06-24 15:15:18 UTC
Permalink
Le Père d'Oscar Pettiford était...Vétérinaire...

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