Post by MELMOTHOutre le fait que EG ne savait pas les lire, tes fameuses notes
!...Merdre !...Commentquy faisait, le gâs, dis ?...
euh.... sauf que les notes de musique sont une notion distincte de leur
image imprimée. Pour les mêmes raisons qu'un poème, une pièce de
théâtre, un choral de Bach ou le Don Giovanni de Mozart existent
d'abord, avant (et en dehors) de l'édition papier, qu'il s'agisse de
recueil, livre, livre de chœur ou livret...
Dans de nombreuses civilisations (et même la nôtre, jadis, au temps des
gaulois par exemple), la transmission de la musique se faisait par
tradition (par exemple) et pas par l'écrit.
Et c'est précisément parce que les caractéristique des notes sont
indépendantes de l'écrit que les aveugles (entre autres) peuvent être
musiciens : la hauteur (repérable !) d'un son, son timbre (spectre), sa
durée, son enveloppe, son positionnement dans le temps (on dit
"horizontalement" par analogie) et par rapport aux autres sons (on dit
"verticalement") forment des relations qui constituent des gammes, une
harmonie, un rythme, s'inscrivant dans une forme, un genre, une
histoire... et qui sont, en gros (modulo certains essais, parti pris
différents etc., minoritaires) la MUSIQUE.
Je sais que j'ai employé le mot "son", mais assorti de caractéristiques
précises qui le distinguent du *bruit* et qui en font des notes, et je
l'assortis aussi d'un aspect "virtuel" : l'exécution musicale ne vaut
que par son positionnement dans le temps "présent", défini comme une
intersection "virtuelle" entre le passé et le futur. Elle se construit
donc *en dehors* de l'émission du son, d'abord, pour l'exécutant, par
rapport à sa *mémoire*, puis par élaboration, anticipation de cette
exécution, et projection dans un futur imaginaire. Pour l'auditeur c'est
la démarche inverse : les notes jouées, envolées, disparues du réel et
des écrans de contrôle, prennent sens dans sa tête *ensuite* (seulement
ensuite) par rapport à sa mémoire (ses connaissances, son expérience
accumulée), mais aussi par rapport à ses attentes, satisfaites ou non.
Cette simple banalité : "la musique, c'est dans la tête !" ...des uns
comme des autres, valide mon point de vue et renvoie l'idée que "la
musique c'est du son" à une simple approximation.
Je n'oblige personne. Ce point de vue, qui serait probablement partagé
par la plupart des musiciens, ne s'exprime que pour inviter à la
réflexion... ceux qui le souhaitent :-)
P.S. : j'attire votre attention sur le fait *qu'aucune* de mes quatre
propositions d'écoute de liens ne parlait de cela : il s'agissait
d'invitations à découverte ou re-découverte (sur lesquelles vous n'avez
guère enchaîné, mais c'est votre droit). MÊME mon mot sur Qobuz, après
une remarque liminaire qui vous enflamme bien vite et bien mal, parlait
surtout de la notion de fidélité... à QUOI ?
Je verrais bien une croisade nouvelle de retour aux sources, semblable à
la croisade baroque d'il y a une vingtaine d'année menée par les
Harnoncourt, Leonhardt, Magloire et Savall (retour au diapason 415,
instruments (et tempéraments) d'époque, fac-similes exhumés des
bibliothèques et tempo ralenti) : on traiterait alors les fichiers audio
des enregistrements de Charlie Parker pour retrouver l'ambiance mono,
les grattements du vinyl, le rumble du *tourne-disques*, la pauvreté des
haut-parleurs (qui ne pouvaient prétendre au nom d'enceintes) et les
parasites générés par leurs connecteurs défectueux, le tout dans une
acoustique genre "chambre de bonne" (avec bruit de fond de la rue et des
voisins, pourquoi pas ? On accepte bien les grognements de Gould en
"hifi" !) Je suis sûr qu'on pourrait même trouver des traitements qui
permettraient d'obtenir un son "plus mono que mono" à partir d'une
installation 5.1 :-)
--
Gérald